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Cet article abordera l’analyse du procédé industriel décarboné (PID) en adoptant un style technologique systémique. Le PID sera considéré comme un système artificiel interagissant avec le système naturel (géosphère), social (sociosphère) et technique (technosphère). Il peut être conçu selon les règles de l’ingénierie système durable (ISD). L’ISD propose des concepts, des procédures, des modèles pour contextualiser le PID étudié, en formuler les éco-exigences, en architecturer les fonctions de sorte à les rendre éco-harmonieuses et jalonner des pistes d’invention. Une illustration de cette approche systémique sera donnée dans le cas d’un procédé industriel carboné à fort impact : la clinkérisation. Notre proposition présentera toutefois d’importantes limites. Nous ne bénéficions pas de retours d’expérience sur la mise en oeuvre des PID en cimenterie et notre approche est centrée sur l’ingénieur alors que l’ISD ne peut se passer de contributions des sciences de la nature et des sciences humaines et sociales.
Mise en service en plein reconstruction d’après-guerre, Emile Huchet a été l’une des principales centrales à charbon de France et a été constamment modernisée jusque dans les années 1990. A la fin de l’exploitation du charbon mosellan (2004), l’activité du site connaît une nouvelle bifurcation entre privatisation, déterritorialisation et diversification vers le gaz, avant d’être percutée par l’accélération de la transition énergétique du mix électrique français et l’annonce de la fermeture des dernières centrales charbon du pays (2017). Un dispositif public est, depuis lors, chargé d’accompagner les salariés impactés et l’émergence de nouvelles activités industrielles de substitution caractérisées par un même critère de réduction des émissions industrielles de gaz à effet de serre. Cette stratégie de « réindustrialisation décarbonée » érige donc la décarbonation d’Emile Huchet en levier de (re)conversion industrielle du site et de redéveloppement, plus globale, du bassin houiller lorrain. L’étude de la trajectoire de la centrale Emile Huchet offre donc une occasion privilégiée de réinscrire ce nouveau cycle de relance par la décarbonation dans la longue reconfiguration des dynamiques structurantes de reconversion en contexte territorial post-minier/industriel et d’identifier la nature des blocages qui se posent aujourd’hui à la mise en oeuvre de ces objectifs connexes de décarbonation et de (re)conversion industrielles.
Cet article reprend, sous l’angle de la décarbonation, la recherche que nous avons menée dans l’ouvrage : Transition écologique et mutation technologique, ISTE Volume 42, London 2024. L’article met en évidence et décrit les trois grandes voies de la décarbonation qui correspondent à trois problématiques de la transition écologique : celle de la décarbonation corrective par captation et stockage du CO2 émis, à système technico-économique inchangé, une décarbonation fondée sur une problématique de transition écologique, centrée sur une mutation technologique, substitution de technologies décarbonées à des technologies carbonées, principalement technologies de combustion. Enfin, devant la difficulté d’atteindre un niveau de décarbonation satisfaisant c’est une troisième problématique de transition écologique de recomposition de nos modes de production, de consommation et de transports essentiellement fondés sur des modes de décarbonation, fondés sur la sobriété et la diminution du niveau d’activité qui se met en place. L’importance de l’enjeu de la décarbonation feront que ces trois systèmes de décarbonation continueront à fonctionner en synergie.
Cette recherche présente une plateforme numérique innovante qui combine le modèle haïtien du kolòn avec la théorie des communautés de pratique pour soutenir la co-conception de projets et l’apprentissage collaboratif dans les espaces de fabrication. Basée sur une étude impliquant 57 participants et cinq communautés internationales de makers, cette plateforme a été conçue pour faciliter l’apprentissage par les pairs et le développement des compétences grâce à un système de mentorat distribué. Nos résultats montrent des améliorations significatives des capacités de collaboration et des taux de réussite des projets. Ils mettent en évidence le processus de co-création d’une solution technologique centrée sur une approche communautaire, collaborative et inclusive. Ce travail contribue à faire progresser l’innovation et le développement des compétences dans le domaine de la fabrication numérique en fournissant un cadre pour « apprendre en fabriquant ensemble » qui fait le lien entre les espaces de fabrication virtuels et physiques.
Cet article questionne la décarbonation comme vecteur de transformations systémiques au prisme du concept de cluster. Il examine les interactions entre innovations technologiques et nouvelles ressources autour de l’EIT, mais aussi entre innovations sociales, enjeux environnementaux et nouveau projet de territoire, dans un contexte associant la réindustrialisation aux objectifs climatiques. À travers le complexe industrialo-portuaire de Fos-Étang de Berre, au sein de la métropole Aix-Marseille-Provence, décarbonation des industries existantes et nouvelles implantations bas carbone révèlent les défis d’une structuration collective associant monde industriel, acteurs publics et société civile dans une dynamique de transitions multiples.
La transition vers une économie décarbonée représente un défi majeur pour les syndicats. Cet article identifie et analyse les stratégies par rapport à la décarbonation adoptées par les syndicats européens dans l’industrie manufacturière et le secteur de l’énergie. Sur la base d’entretiens et d’une analyse de documents, notre étude identifie en particulier trois types de stratégies adoptées par les syndicats européens dans les secteurs étudiés : (1) le refus des mesures de décarbonation ; (2) les stratégies ambiguës visant à retarder et/ou à minimiser la réglementation ; (3) le soutien proactif aux mesures de décarbonation. Ces stratégies syndicales trouvent principalement leurs fondements dans les intérêts sectoriels liés à l’emploi, mais aussi dans les orientations idéologiques des organisations syndicales et leurs conceptions de la démocratie syndicale.
L’article présente la définition des protocoles personnalisés et ciblés de prévention et de soin fondés sur la science, les interventions non médicamenteuses (INM), proposée par une société savante internationale pluridisciplinaire consacrée au sujet, la Non-Pharmacological Intervention Society. Il précise le périmètre de ces solutions de santé à partir d’un cadre éthique et scientifique d’évaluation standardisé co-construit en deux années avec plus de 1000 personnes. Ce cadre permet depuis 2024 la constitution d’un patrimoine universel de protocoles immatériels de prévention et de soin au sein d’une bibliothèque numérique appelée le Référentiel des INM.
La Pleine conscience en tant qu’Intervention Non Médicamenteuse (INM) s’inscrit en complémentarité de la médecine conventionnelle dans une santé intégrative, étant à la fois protocole de soin et protocole de prévention. Elle permet d’aborder la personne dans son entièreté et non plus seulement en tant que patient au regard de sa seule maladie. Les établissements de santé sont aujourd’hui nombreux à la déployer en soins de support, pour les cas de maladies et douleurs chroniques ; et pour son impact sur l’efficience des organisations et le sens donné au prendre soin. Depuis quelques années, la Pleine conscience est aussi intégrée aux formations traitant du développement du leadership dans les organisations. Son déploiement dans la filière santé constitue donc un enjeu majeur et cet article détaille les impacts attendus à ces dispositions.
La Malaisie offre une large variété de médecines traditionnelles provenant de sa riche ethnicité, auxquelles se sont progressivement rajoutées des médecines complémentaires plus ou moins mondialisées. La pratique de ces médecines, largement composées de thérapies manuelles, est pertinente pour investiguer leur fonction de substitution aux interventions médicamenteuses. Cet article aborde cette question en montrant que le modèle thérapeutique proposé par Malaysian Holistic and Herbal Organisation, repose sur une subtile combinaison de pratiques non médicamenteuses issues de médecines T&C, et prend en compte les divers aspects de la maladie et du patient et favorise la démédicalisation. Inversement, le modèle intégratif développé par le gouvernement, trop réducteur par sa forme, ne permet de pallier que partiellement la forte médicalisation intrinsèque à la biomédecine.
L’action du « prendre soin » est un des plus vieux gestes réalisés envers autrui. Au-delà de la santé et du bien-être, il convient d’élargir le champ de ces pratiques aux diverses dimensions du soin dans l’idée même d’appréhender, dans ses unités et ses diversités, une variation de situations passant des actes les plus. Ponctuels aux enjeux éthiques, politique et prospectifs les plus vastes. Ainsi la mise en pratique de stratégies de soins non-médicamenteuses permet de questionner et de se demander comment les savoirs et pratiques du « prendre soin » peuvent être réinterrogés dans un monde pluriculturel. Pour ce faire, il s’agit d’étudier les conditions d’application de ces stratégies afin que celles-ci deviennent des compétences clés pour un monde plus durable et solidaire.
La prise en compte des données temporelles dans la réduction des émissions anthropiques de gaz dans l’atmosphère accentue les conséquences imprévisibles du changement climatique. En effet, les énergies fossiles émet-tent différents gaz dont le CO2 et le SO2. Ce dernier refroidit le climat, mais les durées de vie de ces deux gaz sont très différentes : plus d’un siècle pour le premier, moins de deux semaines pour le second. La défossilisation de l’énergie rend plus probable un emballement du réchauffement. La réduction au plus vite des émissions anthropiques de méthane (CH4), appuyant la thèse de la décarbonation dans toute sa diversité, est une solution. Elle requiert des innovations techniques, institutionnelles et sociétales, lesquelles nécessitent une appropriation citoyenne. L’apport de la démocratie technique par ses forums hybrides prolongés par l’approche en recherche action participative liant recherches de plein air et recherches confinées peut être déterminant.
L’industrie sidérurgique est l’une des plus polluantes au niveau mondial. En France, ArcelorMittal Dunkerque est la première unité industrielle d’émission de CO2 et à ce titre bénéficie d’importants soutiens publics. En 2022, l’entreprise a annoncé un important programme de décarbonation pour fabriquer de l’acier vert grâce à différentes technologies (unité de réduction directe, four électrique, etc.). Entre juillet 2023 et septembre 2024, nous avons interrogé des managers responsables du programme de la décarbonation et des représentants syndicaux afin de connaitre leur position respective sur cette question et analyser le rôle accordé aux syndicats et aux salariés dans ces transformations technologiques. Il en ressort une certaine convergence de vue entre les deux parties sur cette question. Cependant, l’organisation syndicale considère que la place des salariés est minorée, que la décision d’investissement retard et que la survie de l’usine est en jeu.
La décarbonation et l’économie circulaire sont généralement appréhendées comme les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et le réchauffement climatique. Dans les faits, ce n’est pas si simple. L’économie circulaire qui consiste à collecter et valoriser des biens de consommation usagés est un moyen non de réduire la production de déchets, mais au contraire de l’accroire, puisque les déchets ainsi collectés sont appréhendés comme des ressources. L’économie circulaire est cependant indispensable (selon certaines conditions) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et plus encore dans une optique de décarbonation. Les énergies renouvelables (solaire, éolien notamment) nécessitent l’exploitation de ressources minières. Mais, l’exploitation de nouvelles mines est source de production de gaz à effet de serre. Pour rompre ce cercle vicieux, il faut revoir notre modèle de production et de consommation.
Longtemps considérée comme une folie d’apprentis sorciers, la géo-ingénierie, qui renvoie à l’ensemble des projets d’intervention technique et à grande échelle sur le système climatique, a progressivement gagné en crédibilité au fil des dernières années, et commence à être sérieusement envisagée dans les débats internationaux sur le climat. Dans ce papier, nous nous proposons d’analyser le processus de normalisation de la géo-ingénierie dans les arènes de discussions internationales. Ce processus part de l’intégration, au prisme classique de la décarbonation, d’une logique de compensation : l’on distingue maintenant, dans les accords sur le climat, la réduction facultative des émissions qui peuvent être « atténuées », c’est-à-dire capturées par le recours à des techniques de capture du carbone, de la réduction obligatoire des émissions qui ne peuvent pas l’être. Or cette logique de compensation a tout à la fois pour effet de normaliser les CC(U)S et la géo-ingénierie du carbone et de rendre optionnelles une partie des mesures de décarbonation. La question que nous nous poserons dans ce papier est de savoir dans quelle mesure tout cela pointe vers un nouvel horizon : la normalisation de la perspective d’un dépassement du seuil fixé par l’Accord de Paris, mais aussi de la géo-ingénierie solaire, entendue comme un moyen de compenser, sur le plan thermique cette fois, la mise en échec ou, a minima, le report des mesures de décarbonation. Il s’agira, en somme, d’étudier le passage d’une économie de la promesse à celle de la dette.
Deux spécialistes de la décarbonation ont été interrogés en février 2024 afin de connaitre leur analyse des transformations techniques et industrielles actuelles et à venir de la décarbonation. Quelle est la stratégie des grands groupes industriels français en la matière ? Les technologies développées à l’heure actuelle sont-elles fiables ? La décarbonation suppose l’électrification des procédés industriels. Mais, comment produire de l’électricité « verte », puisque pour produire de l’énergie, il faut de l’énergie. Quelles sont les technologies utilisées actuellement et en devenir ? Peut-on décarboner l’industrie, sans remettre en question le modèle industriel qui s’est progressivement construit depuis la révolution industrielle ?
Notre étude porte sur les débats parlementaires relatif au projet de loi « climat et résilience » qui entend réduire l’empreinte carbone. Elle vise à décrire et analyser les divers dispositifs symboliques, les référents idéologiques mobilisés par les parlementaires, les argumentaires développés à propos de la volonté de décarbonation que souhaite mener le gouvernement dans le cadre dudit projet de loi en centrant notre étude sur les discussions générales. La droite et la majorité gouvernementale structurent leur discours autour de la pensée libérale fondée sur efficacité économique, la décentralisation, l’acceptabilité des mesures. L’extrême droite développe une conception de l’écologie nationaliste basée sur un localisme ancestral. A gauche, on trouve une conception de l’écologie centrée sur l’idée de justice sociale, bien qu’à géométrie variable. Derrière l’unanimisme face à l’urgence climatique se cachent en réalité des différences notables dans les conceptions de la décarbonation des différents groupes parlementaires.
For several decades, exponential growth in the use of fossil carbon has created drastic climate disturbances. To mitigate climate change, all uses of virgin fossil carbon must, urgently, be phased out. Many transport sources and industrial processes can easily be electrified and should be where possible. But some sectors like chemical, materials (e.g. lime and steel), aviation and maritime transport will continue to use carbon and the virgin fossil used today will need to be substituted to meet climate neutrality targets. Using CO2 to replace fossil carbon in sectors that will still need hydrocarbons is a key solution to « defossilise » our economy. The concept of Carbon Capture and Utilisation (CCU) is a broad term that covers processes that capture CO2 from flue and process gases or directly from the air and convert it into a variety of products such as fuels, chemicals, and materials. No precise global estimate of the potential mitigation role of CCU technologies exists to date, because of uncertainties in renewable electricity cost scenarios and the low granularity of models that simulate different CCU options. However, CCU technologies have the potential to play a significant role in the mitigation of climate change as described in the latest report of the Working Group 3 of the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC).
Cet article aborde la question de la décarbonation en témoignant de la démarche suivie depuis une quarantaine d’année, en particulier dans la sidérurgie : une longue trajectoire, traversée de crises et de périodes d’intense créativité, qui semble maintenant se traduire en actes industriels, même si la vrai "zéro net" ne sera atteint qu’en 2050, si la démarche en cours ne rencontre pas trop d’obstacles. On s’interroge aussi sur le rôle respectif des grandes organisations, comme les états ou l’AIE, et celui des individus : les rôles des deux types d’acteurs sont intimement intriqués. On rappelle aussi que décarbonation doit aller de pair avec la préservation de la biodiversité ou la maîtrise de la pollution de l’air, mais aussi avec des questions plus sociétales et politiques comme les migrations et les inégalités. Enfin, on propose de prendre en compte l’agentivité de tous les êtres vivants et des objets inanimés pour aborder ces questions dans toute leur complexité.
Les réserves publiées de pétrole et de gaz sont suffisantes pour saturer le budget carbone publié par le GIEC. Nous semblons être dans la perspective, soit d’un climat emballé faute d’arrêter l’extraction des produits carbonés à temps, soit de pertes aux conséquences économiques guère prévisibles dues à l’échouage considérable d’actif carbonés, qu’une réglementation devenue existentielle contraindrait. Pour y faire face, le présent article propose de mettre en place au plus vite une procédure comptable au sein des entreprises alimentant la chaine énergétique carbonée. Elle consiste en une provision prévoyant le remplacement des actifs consacrés au énergies carbonées. Financée dès sa mise en place, elle assurera la décarbonation des décisions d’investissement, en amont. Au sein des comptes annuels des industries productrices de pétrole, de gaz et de charbon, la nécessité de remplacer les actifs associés aux énergies dépendantes du carbone d’origine fossile sera ainsi actée en son coeur. Invitant la fourniture en temps opportun du capital nécessaire pour éviter l’échouage, la provision sera calculée selon une valeur comptable énergétiquement équitable des actifs ainsi destinés à être remplacés… à temps. Dans un contexte où les technologies d’énergies propres sont avides de financement, où le système de quota d’émission donne manifestement des signaux insuffisants aux investisseurs, mais où des précédents d’investissement sont malgré tout inspirants, on aborde les éléments clefs visés par notre procédure, dont son efficacité en capacité convertie, comblant - à temps ? - le besoin en énergies propres, son attractivité pour les investisseurs… et la disponibilité financière. Il faudra en dessiner la feuille de route avec la participation de gouvernances internationales juridiques et financières dont nous justifions la liste.
Cet article propose d’explorer la décarbonation comme catalyseur de la transformation industrielle, en examinant les tensions entre la nécessité de réindustrialiser les territoires et la prise en compte des enjeux environnementaux. À travers l’exemple de la reconversion du site de Renault à Flins, dans le département des Yvelines, en usine d’économie circulaire, il met en lumière les défis et les opportunités liés à cette évolution, tout en soulignant l’importance de comprendre les mécanismes complexes qui régissent les interactions dans ce nouvel écosystème.
2025
Volume 25- 10
La couleur : bioéconomie et design2024
Volume 24- 9
Les filières de production dans la bioéconomie2023
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Intelligence artificielle et Cybersécurité2022
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Trajectoires d’innovations et d’innovateurs2021
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L’innovation collaborative2020
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Les systèmes produit-service2019
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L’innovation agile2018
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Innovations de mobilité. Transports, gestion des flux et territoires2016
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Stimulateurs de l’entrepreneuriat innovant