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Il est courant d’étudier la production scientifique à partir d’analyses bibliométriques. Nous proposons dans cet article de nous intéresser plus particulièrement aux recherches centrées à la fois sur le design thinking ou une approche de conception relativement proche de cette dernière et sur le jeu, voire la transformation de dispositifs par le jeu (gamification). Pour ce faire, nous avons constitué un premier corpus de référence en interrogeant le champ titre de trois ressources scientifiques internationales (Google Scholar, Scopus et Web of Science). Ce travail vise deux objectifs. Le premier est d’estimer l’évolution et la répartition des recherches sur ces objets au cours des 20 dernières années. Le second porte sur l’intérêt qu’il y a ou non à suivre cette évolution via l’unique portail de référencement de travaux scientifiques internationaux Web of Science. Nous montrons à partir de la constitution d’un second corpus que, pour ce qui concerne les recherches sur ses objets, la plateforme Web of Science propose un assez bon aperçu des travaux en cours, à condition de constituer un corpus de références en interrogeant, via son moteur de recherche, le champ abstract et pas seulement le champ title.
Cet article présente deux dispositifs sociotechniques où l’emploi du jeu sérieux, notamment de type numérique, associe du design thinking. Cette démarche vise à éprouver si une telle association est possible. Pour ce faire, nous conduisons une étude comparant deux jeux sérieux pour lesquels nous avons été impliqués. Via une approche réflexive et en mobilisant des enquêtes et études de terrain, l’approche est non seulement viable, mais permet une bonne complémentarité entre phases de jeu et design thinking. Cependant, la manière de concevoir l’activité de jeu paraît essentielle pour y parvenir. En effet, la stratégie consistant à apposer ces deux phases s’avère plus efficace que celle visant à les superposer.
Le design thinking désigne une méthode de créativité reposant sur l’empathie, le storytelling et le prototypage. Ces trois caractéristiques sont notamment explicitées par Tim Brown, dont un des livres, L’esprit design (2009) est étudié précisément dans cet article qui cherche à établir une filiation avec le design fiction, cette nouvelle approche du design reposant sur le prototypage à partir de l’imaginaire science-fictionnel. Le livre du Near Future Laboratory The Manual of Design Fiction (2022) sert de référence à l’analyse des liens entre design fiction et design thinking. Le projet Esoldat est un exemple de design fiction dont la fonction est notamment de d’appuyer une démarche prospective. Science-fiction et design thinking permettent d’extraire les imaginaires des organisations et de créer des histoires permettant d’optimiser le discours stratégique. Pouvons-nous tirer de ces textes des éléments de généalogie et de prospective du storytelling institutionnel ? Le design fiction pourrait avoir intérêt à se tourner vers les méthodes du design thinking pour améliorer encore une méthodologie orientée vers la mise en place de politiques d’innovation utilisant l’imaginaire des experts, mais aussi des employés des organisations.
Cette contribution interroge les dynamiques à l’oeuvre au sein des industries aérospatiales et de défense (A&D) en identifiant les principaux facteurs agissant sur l’innovation. A partir du modèle développé par [BAR 19] et [BAR 20], la recherche examine la dynamique des innovations de défense intégrant des composants issus de la recherche en Intelligence Artificielle (IA). Considérée comme une technologie d’application générale (General Purpose Technology, GPT ; [BRE 96]), l’IA et ses multiples applications affectent en effet significativement les capacités militaires actuelles et futures et constitue un matériau empirique pertinent si l’on cherche à comprendre comment opère l’innovation dans les industries A&D.
Le New Space désigne l’émergence d’un système économique du secteur spatial dans lequel de plus en plus d’acteurs privés sont appelés à participer. La science-fiction propose depuis quelques années des représentations des entreprises du capitalisme spatial. Cet article en étudie certaines, comme les films Space Sweepers, Venom, ou la série Salvation et montre que la figure du milliardaire du New Space suscite à la fois de la fascination et du rejet. Si ces fictions s’inspirent de personnages réels comme Elon Musk, elles influencent aussi le grand public et les acteurs du secteur spatial. Ces récits sont au centre d’enjeux stratégiques et de soft power. Il est suggéré que l’Europe se dote d’un système de création d’histoires de science-fiction spatiale performant et performatif afin d’optimiser la créativité de ses futurs entrepreneurs. En effet, ces récits proposent souvent une réflexion sur l’éthique de la conquête spatiale et imaginent des technologies qui pourraient devenir des innovations majeures à l’avenir.
Après une première longue phase de développement gouvernemental et scientifique, le secteur spatial a été secoué par de nouvelles approches au cours des années 2000, regroupées sous le terme générique de « New Space ». À travers l’étude des évolutions de cet écosystème, ce travail académique propose une caractérisation du New Space, considéré comme un ensemble de ruptures composées de nouveaux entrants, de nouvelles applications, de nouvelles technologies, de nouvelles réglementations, de nouveaux procédés et de nouveaux modes de financements. Mais, au-delà, il souligne que ces ruptures se nourrissent de leur interaction et leur interdépendance. Enfin, cette richesse du New Space nous amène à identifier les nombreuses implications pour les sciences économiques et managériales, à la fois en termes de programmes de recherches ou d’enseignement.
La multiplication des litiges en matière de brevets est révélatrice de la tension qui existe entre, d’une part, la nécessité d’assurer l’interopérabilité et la compatibilité entre les composants d’un produit et, d’autre part, le respect des droits de propriété intellectuelle (PI). Dans cet article, nous montrons que cette tension n’est pas nouvelle. Les « guerres » de brevets sont historiquement associées à des innovations de rupture et témoignent de l’importance croissante des modèles économiques fondés sur la valorisation de la PI. Tout en reconnaissant les effets parfois délétères de la dynamique contentieuse, on peut considérer que les litiges sont un moyen d’ajuster ex-post l’étendue de droits conférés par la PI.
Malgré leurs atouts, les PME apparaissent comme un potentiel d’innovation insuffisamment exploité. Cela est d’autant plus vrai en période de crise. Dans un contexte caractérisé par trois sources de déstabilisation (développement d’une économie de plateforme, crise sanitaire COVID-19 et tensions sur les marchés) cet article a pour objectif de proposer des pistes pour favoriser la capacité d’innovation des PME. Après avoir rappelé les principaux freins des PME en matière d’innovation – qui tiennent majoritairement à un accès limité aux ressources –, et leur principale force – qui s’explique surtout par leur structure organisationnelle –, nous envisageons comment ces mutations challengent la capacité à innover des PME. Les pistes et axes de recherche qui en découlent conduisent notamment à déplacer le curseur : du dirigeant de la PME vers ses équipes et d’une innovation collaborative externe vers une innovation collaborative interne.
Cette étude multi-cas analyse le rôle des facteurs organisationnels influençant la résilience de l’industrie 5.0 au cours des premières phases de la pandémie de Covid-19 en France. Le cadre 7S de McKinsey est utilisé pour comprendre comment huit petites et moyennes entreprises françaises appartenant à l’alliance "Industrie du Futur" ont adapté leur stratégie, structure, systèmes, compétences, personnel, vision et style de management tout en s’appuyant sur leurs valeurs communes pour développer une forme d’agilité organisationnelle et résilience. Nos résultats confirment que, même si les systèmes technologiques ont été un élément clé de leur réponse à la situation de Covid-19, les éléments humains ont également joué un rôle central dans leur capacité à faire face à la crise. Nos recherches ont également mis en lumière l’importance des réseaux de parties prenantes dans la capacité d’une organisation à s’adapter et à prospérer pendant les crises. Le cadre qui en résulte pourrait aider les entreprises à développer une approche de l’agilité et de la résilience centrée sur l’humain.
L’objectif de cet article est de proposer une réflexion autour du concept de milieu éco-innovateur pour analyser la dynamique du développement territorial durable. Il s’agit d’une approche basée sur la théorie européenne des milieux innovateurs mais visant à intégrer la question environnementale dans l’analyse des réseaux territoriaux d’innovation. Nous considérons que les symbioses industrielles, dans lesquelles un collectif d’acteurs territoriaux sont liés par des relations de valorisation des flux de matières et de déchets, peuvent prendre la forme d’un milieu éco-innovateur. Ces relations peuvent être à l’origine de l’émergence de nouvelles dynamiques d’innovation à travers l’apprentissage collectif qui résulte de la gestion commune des ressources du territoire (adoption de nouvelles pratiques éco-responsables, développement de nouvelles technologies durables, renforcement de la communication et de l’échange de connaissances autour de ces nouvelles pratiques...). Nous illustrons notre raisonnement par un exemple d’application au territoire industriel de Dunkerque, France.
La bioéconomie questionne les méthodes d’évaluation des performances des filières. Les méthodes traditionnelles très liées à l’économie industrielle restent polarisées par des indicateurs macro-économiques ou d’intégration intersectorielle. Elles rendent peu compte des coûts cachés ou externalités sociales et environnementales. Dans différents contextes, on observe un renouvellement des cadres méthodologiques d’analyse des filières pour compléter les indicateurs de performance économique par des indicateurs environnementaux et sociaux. Leur objectif est alors de mieux caractériser les structures susceptibles de rendre compatibles l‘activité économique, la justice sociale, et la diminution de l’empreinte de l’activité humaine. En compilant une synthèse bibliométrique et différentes études de cas de filières agricoles, alimentaires, bioéconomiques, nous documentons la nature des indicateurs environnementaux et sociaux référencés, les outils d’analyse utilisés et les limites de leurs usages dans le contexte des pays en développement.
La bioéconomie, dans son ambition de substitution du carbone fossile par du carbone renouvelable, est structurée par la création de filières biosourcées. Cependant, l’origine végétale d’une filière ne garantit pas sa durabilité. En considérant la filière comme méso-système, cet article explore la manière dont la durabilité, qu’elle soit considérée comme forte ou faible, est prise en compte dans la littérature académique sur la bioéconomie et les filières biosourcées. À partir du constat du manque d’intégration simultanée des dimensions sociales, environnementales et économiques des dimensions de la durabilité et de la faible quantité de travaux réalisés de manière holistique, nous proposons de mettre en place une méthodologie pour analyser et construire des chaînes de valeur biosourcées et durables en prenant appui sur les principes de l’éco-conception et de l’analyse du cycle de vie, en nous appuyant sur l’exemple de la création d’une micro filière de bourrache dans les Hauts de France.
Cet article examine la mutation de la filière historique française de production du chanvre depuis l’autorisation de la valorisation économique de la fleur de chanvre pour ses molécules : le Δ-9-tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Nous démontrons que les controverses sociotechniques et l’incertitude en place limitent les perspectives du concept de bioéconomie circulaire prôné par l’Union européenne souhaitant la valorisation de la plante entière. Nous combinons les théories de l’innovation et du dominant design pour comprendre la manière dont le mode de production historique fait face à ces pressions. Après un bref retour historique, le dominant design de la filière chanvre en France et son organisation de production en cascade inspirée de la filière bois est en premier lieu présenté. Puis, nous montrons ses différences avec la production dédiée à la valorisation des molécules d’intérêt issues de la fleur de chanvre. Deux résultats émergent de cette étude. D’une part, nous démontrons l’existence d’une nouvelle organisation de la production fondée sur une « production en cascade inversée » fonctionnant sur de nouveaux modèles productifs innovants. D’autre part, la mise en oeuvre d’une stratégie encourageant la bioéconomie circulaire et la quête du zéro déchet génère une cohabitation du dominant design historique avec un autre en émergence.
Le contexte actuel marqué par l’accélération du dérèglement climatique, la raréfaction des ressources et les tensions géopolitiques implique de revoir la stratégie énergétique française, en privilégiant la biomasse-énergie comme principale source d’énergies renouvelables. Les dépendances vertes longeant les routes françaises représentent près de 5 000 km², constituant ainsi un potentiel de biomasse encore non valorisé. Ainsi, considérer les bords de route comme gisement de filière durable de la bioéconomie nécessite un changement de pratiques, afin de mieux valoriser cette potentialité. Plusieurs études ont mis en avant l’importance des démonstrateurs territoriaux pour l’implémentation de pratiques et des filières émergentes. Dans cette perspective, cet article cherche à proposer un cadre conceptuel, pour l’implémentation d’un démonstrateur pour de la gestion durable des bords de route à des fins de valorisation, reposant sur le croisement des informations issues de la littérature sur les démonstrateurs et sur la filière durable.
Après avoir cédé leur place aux produits de synthèse entre les années 1930 et 1960, les huiles essentielles, connues depuis l’antiquité, reviennent en grâce. Ces dernières décennies, le marché des huiles essentielles a cru constamment grâce notamment à l’engouement pour les composés naturels. En effet, ces extraits de plantes aromatiques sont devenus des matières premières incontournables pour le développement de produits durables et éco-compatibles. Ceci est dû non seulement à leurs vertus aromatiques, mais également à leurs bienfaits polyvalents et à leur large spectre d’action contre les microorganismes, les insectes, etc. Cet article présente la renaissance et le développement du marché des huiles essentielles en mettant l’accent sur la filière française. Il s’attache ensuite à faire une synthèse des facteurs pouvant avoir une influence sur cette filière, tels que ceux déterminants pour l’élargissement de l’application des huiles essentielles dans l’aromathérapie, les industries alimentaire, pharmaceutique et cosmétique ainsi que les produits phytosanitaires. Il examine également les contraintes qui pourraient affaiblir la filière, telles que les variations climatiques, l’envol des prix ou l’apparition de nouvelles règlementations sont également abordés. Enfin, il présente un aperçu rapide sur l’intérêt de l’encapsulation moléculaire dans les cyclodextrines afin de s’affranchir des limites liées aux propriétés intrinsèques des huiles essentielles.
La substitution des ressources fossiles par des matières renouvelables sera au cœur des défis climatique et économique des prochaines années. Que ce soit pour la production d’énergie ou de produits manufacturés, les milliards de tonne de pétrole extraits chaque année devront être remplacés par l’exploitation à grande échelle de la biomasse. Du point de vue des contraintes environnementales, l’intensification de la production de la biomasse et son intégration au sein de la sphère bioéconomique ne sont pas sans écueils car en contradiction avec le développement durable et certains préceptes de l’éco-économie. Dans ce contexte, la massification de l’usage de la biomasse doit passer par la contribution de toutes les ressources locales et régionales. Le lin, fibre ancestrale et vertueuse, est un bon exemple d’une production durable à vocation à la fois territoriale et mondiale. Elle offre des opportunités de développement économique important qu’un territoire comme la Flandre maritime française se doit de saisir.
Depuis les années 1980, la domotique et la maison numérique sont annoncées comme la nouvelle ère, idéale pour le repos des ménagères, et sécuritaire pour les familles. Pourtant, si de nombreux laboratoires de recherche universitaires et industriels y travaillent d’arrache-pied, le marché ne semble pas décoller dans la réalité. Ce frein au succès s‟avère partiellement, au moins, lié à l‟imaginaire collectif de la maison du futur : de très nombreux éléments fictionnels la concernant traitent d‟une forme d‟utopie noire, chargeant inconsciemment l‟esprit d‟une certaine crainte envers ce qui pourrait advenir. Cet article souhaite mettre en visibilité les rapports difficiles mais inévitables entre oeuvres de science-fiction et travaux de recherche sur la maison du futur.
Le codesign, ou la participation de l’utilisateur visé par un produit ou service à la conception est prometteuse, mais ne garantit pas pour autant l’atteinte des objectifs. Mobilisant les plus récents travaux du cours d’action [THE 15], nous avons examiné l’expérience de trois personnes ayant pris part à des séances de codesign en cybersanté. Notre analyse a permis d’obtenir des cartographies de l’expérience de ces personnes qui présente visuellement la dynamique de leur expérience et souligne ce qui a été significatif de leur point de vue. Nos résultats suggèrent que les participants ont été fortement mobilisés par la réinterprétation des éléments qu’ils croyaient partagés dans leurs communautés. Ils étaient préoccupés par des problèmes systémiques qui, bien que complémentaires, remettaient en question la solution envisagée pour le projet de codesign. Nos résultats nous mènent à proposer trois pistes à explorer pour optimiser la démarche de codesign.
Au travers d’une relecture prospective d’une sélection de films de science-fiction, l’auteur examine l’évolution des rapports que nos sociétés dites modernes entretiennent avec le corps humain — entre recherches et fantasmes, éthique contemporaine et nouvelle ontologie, attentes contemporaines et enjeux d’avenir. Les films sur lesquels l’auteur s’appuie sont Bienvenue à Gattaca (1997, réalisé par Andrew Niccol), Blade Runner (1982, par Ridley Scott), Morgane (2016, Luke Scott), Repo Men (2010, Miguel Sapochnik), Terminator : Dark Fate (2019, Tim Miller), Renaissances (2015, Tarsem Singh) et Chappie (2015, Neill Blomkamp). Il aborde ainsi trois sujets clés tels qu’ils sont traités dans les futurs spéculatifs de ces films, mais qui ont bien leurs racines dans notre présent : la révolution génétique et les risques d’eugénisme, la révolution biomécanique et la tentation mercantile et, pour finir, une ontologie humaine bouleversée par l’émergence de nouvelles altérités. En conclusion, l’auteur propose une interprétation de cette évolution de ces relations au corps, qu’il nomme « Du corps sacré au corps marché ».
Cet article analyse les représentations des futurs jeux vidéo à partir de trois films de science-fiction, Free Guy, Ultimate Game et Striking Viper (série Black Mirror). Si le premier est un nouvel exemple de représentation d’une révolte d’intelligence artificielle, les deux autres montrent des applications de neurotechnologies. Ces dernières constituent l’objet de recherches d’entreprises comme Neuralink et pourraient se trouver au fondement des réseaux de communication post-métavers. Télépathie et neuroconnexion sont des technotypes abordés par la science-fiction et qui pourraient générer des mythes sectoriels à l’avenir en révolutionnant l’industrie des jeux vidéo. Ces films de science-fiction constituent un imaginaire servant de base à une réflexion éthique et prospective orientant la recherche et développement en informatique et en réalité virtuelle. Le complexe de Frankenstein suggère que ces fictions pourraient être des limites à l’innovation. Elles sont aussi des sources d’inspiration pour un capitalisme sans cesse à la recherche de nouvelles technologies commercialisables. En suscitant un phénomène de catharsis, cet imaginaire technomorphe permet de purger le processus d’innovation de ses passions négatives et de l’orienter vers le progrès de l’humanité.
La série Black Mirror de Charlie Brooker propose une projection futuriste mettant en oeuvre de nouvelles technologies dont l’objectif premier est d’améliorer notre quotidien. La série passe en revue l’intelligence artificielle, la numérisation, la gamification et la robotisation de notre quotidien, la réalité augmentée et la réalité virtuelle. Le miroir tendu par Charlie Brooker est parfois noirci, parfois fidèle à notre réalité. La série reflète les intentions utopistes des technologies mises en oeuvre et montre dans quelle mesure l’utilisation humaine en rappelle les dangers et met en exergue le versant dystopique de toutes ces nouvelles technologies lorsque l’homme se les approprie ou les détourne pour servir son propre intérêt. Ces oeuvres d’anticipation, en effectuant une hybridation entre fictif et réel, en révèlent tantôt l’aspect dystopique tantôt l’aspect miroir ce qui permet au téléspectateur d’entamer une démarche à la fois réflexive et auto-réflexive.
Le Design Thinking (DT) est une approche de résolution de problèmes basée sur un processus collaboratif impliquant le retour d’information de l’utilisateur final. Ce processus comprend différentes étapes avec différentes itérations et modifications au fil du temps. Cependant, le DT reste une méthode linéaire, qui prend du temps pour mettre en oeuvre une solution et ne traite pas de l’organisation du travail au sein de l’équipe. Pour remédier aux limites de la DT et réduire le temps de développement, cet article propose l’intégration de la méthode agile dans le Journey Map, qui est l’un des outils de DT utilisés pour analyser les besoins des utilisateurs. L’approche proposée a été appelée Design Thinking Agile (DTA). Les résultats montrent que le Journey Map offre une approche de gestion agile dans le DT. Cette intégration assure la participation de l’utilisateur et permet une interaction efficace entre l’utilisateur et l’équipe, une mise en oeuvre rapide de solutions concrètes et une réaction rapide à l’appréciation de l’utilisateur. Une étude de cas sur le bien-être des personnes âgées chez-soi a été réalisée pour illustrer la mise en oeuvre de la DTA proposée. Cette étude a été réalisée avec succès par des étudiants du master IDEAS (Innovation et Design EvAlués par les uSages) de l’école d’ingénieurs ENSGSI (Ecole Nationale Supérieure en Génie des Systèmes et de l’Innovation).
Si la technologie est un thème majeur de la science-fiction (SF), son traitement dans les oeuvres audiovisuelles est hétérogène. À partir d’une analyse comparée de trois oeuvres de science-fiction, Star Trek, The Matrix et Black Mirror, l’article propose de construire un continuum d’analyse de la place et du rôle de la technologie dans les oeuvres de science-fiction. A un extrême du continuum, la technologie est un arrière-plan qui n’est pas objet de débat, mais qui, éventuellement, est un cadre qui facilite un débat sur un enjeu de société. A un autre extrême, la technologie est menaçante et ouvre consubstantiellement la porte du post humanisme. Entre les deux extrêmes, la SF fournit une critique des utilisations perverses et cyniques que nos sociétés font des nouvelles technologies.
Le texte présente une typologie de technologies de « mémoire totale » imaginées dans un corpus de science-fiction audiovisuelle entre 1990 et 2022. Filant la métaphore de la mémoire comme base de données et du plan, les technologies des diégèses permettent d’encoder et de conserver la mémoire humaine dans des formats numériques, d’accéder aux informations enregistrées et également d’altérer la mémoire et l’identité des individus. Cet essai explore les types de machines de mémoire totale qui spéculent sur les innovations technologiques ayant trait aux possibilités d’intervenir sur la faculté mnésique de l’humain.
Concevoir des produits adaptés aux utilisateurs demande des compétences méthodologiques mais également d’adopter une démarche empathique et collaborative envers l’utilisateur. Une grande diversité d’outils issus de nombreux champs disciplinaires sont traditionnellement utilisés en design thinking ou en conception centrée utilisateur ce qui rend parfois difficile la formation à ces outils. Dans le cadre de nos travaux de recherche et de nos activités pédagogiques, nous avons proposé une démarche outillée (Play & Pulse – P&P) pour guider les élèves-ingénieurs vers une meilleure prise en compte de l’utilisateur lors de la conception de nouveaux produits. La démarche outillée est utilisée depuis plusieurs semestres et a fait l’objet d’une évaluation auprès d’étudiants. Les résultats mettent en évidence l’utilité des outils et de la démarche ainsi que le soutien qu’elle apporte à la prise en compte de l’utilisateur, à l’adoption d’une démarche empathique et au travail pluridisciplinaire. Les résultats soulignent une différence d’appropriation en fonction des profils d’élèves-ingénieurs. Ces résultats nous permettent de conclure sur la pertinence de la démarche P&P d’un point de vue pédagogique et sur des pistes d’amélioration.
2023
Volume 23- 8
Intelligence artificielle et Cybersécurité2022
Volume 22- 7
Trajectoires d’innovations et d’innovateurs2021
Volume 21- 6
L’innovation collaborative2020
Volume 20- 5
Les systèmes produit-service2019
Volume 19- 4
L’innovation agile2018
Volume 18- 3
Analyse systémique et petites entreprises innovantes2017
Volume 17- 2
Techno-économie des risques industriels2016
Volume 16- 1
Stimulateurs de l’entrepreneuriat innovant