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Nos sociétés se retrouvent confrontées à des défis sociétaux majeurs avec une prise de conscience croissante des enjeux au travers de diverses initiatives citoyennes. Prendre au sérieux cette perspective implique de penser les transformations requises sous la forme de processus non performatifs. La participation citoyenne est clairement invoquée au niveau des politiques publiques de recherche. Les sciences en société peuvent bénéficier des approches pragmatiques et socio-constructivistes pour le développement de méthodologies de la participation qui se basent sur un postulat de coopération égalitaire entre les parties prenantes d’un collectif de recherche. Ce numéro spécial se propose d’approfondir les cadres méthodologiques de la recherche action participative qui reposent sur les trois critères que sont des lieux identifiés, des temporalités spécifiques et des postures de coopération. Cette démarche d’enquête s’inscrit dans le prolongement de nouvelles formes de recherche et d’innovation ouverte et/ou responsable en faisant explicitement référence à des travaux conjoints avec la société civile sur les thèmes de la transition socio-écologique.
Disparues dans les années 1980, les Boutiques des Sciences (BdS) ont fait leur réapparition dans le paysage de la recherche française dans les années 2010. Promues par ceux qui en France soutenaient leur développement en réseau à un niveau international, elles s’inscrivent dans un contexte de changement des relations Sciences-Société. Ces dispositifs d’interface entre une « demande sociale » de résolution de problématiques complexes et la communauté scientifique censée pouvoir y répondre, traduisent le besoin de renouvellement de la place et du rôle des sciences face aux enjeux socio-environnementaux actuels. Les BdS accompagnent ainsi l’élaboration de projets communs entre chercheurs, organisations de la société civile et parfois étudiants. Cet accompagnement se décline en trois catégories opérationnelles marquant le renouveau actuel des BdS : l’intermédiation, la co-construction et l’incubation. Cet article propose d’analyser ce travail spécifique à partir de deux études de cas, décrivant les trajectoires et modalités de fonctionnement de la BdS de Lyon et du dispositif Trait d’Union à Montpellier. Cette comparaison s’intéresse aux modes de gouvernance, aux modalités de réception des demandes de collaboration et à l’incubation des phases de co-construction de projets participatifs accompagnés. Une analyse des impacts de ces dispositifs auprès des acteurs de terrain, des chercheurs et des étudiants est aussi proposée. Cette réflexion permet d’interroger la contribution des BdS aux transformations des rapports Sciences-Société et nourrit les débats qui portent aujourd’hui sur les dimensions épistémologique, éthique, politique et économique de la recherche scientifique et sur la place qui doit revenir à la recherche participative. L’article propose pour finir de s’interroger sur les modalités de soutien nécessaires à la pérennisation et au développement de ce type d’interfaces territoriales, aujourd’hui encore très précaires.
Nous présentons ici les réflexions et expérimentations menées pour le lancement de PartiCitaE, un observatoire participatif de l’environnement urbain. Nous décrivons l’enquête de préfiguration menée en 2016, composée d’un questionnaire et de réunions participatives, qui a permis de structurer PartiCitaE en trois axes : atmosphère urbaine, ville vivante et vivre en ville. Cette enquête a également permis de développer des projets autour de la qualité de l’air et des sols urbains en réponse aux intérêts des interrogé·es. Les succès et échecs de ces projets ont nourri une réflexion autour de la co-construction pas à pas des projets avec les citadin·es et en ont fait la marque de fabrique de PartiCitaE. Dans cette co-construction, nous pensons que la posture de l’équipe porteuse laisse libre et encourage l’implication forte et transformatrice des volontaires allant jusqu’à la proposition et la mise en place de nouveaux projets dépassant le cadre de PartiCitaE.
Qui peut prétendre au statut de ―citoyen lambda‖ dans un processus participatif ? Quelles sont les attentes des acteurs - scientifiques, politiques, ou autres - qui font appel à lui ? Dans quelles conditions des individus peuvent l’incarner et quels effets peuvent-elles avoir sur leurs compétences ou sur la reconnaissance et la valorisation de celles-ci ? Nous abordons ces questions dans une démarche réflexive par le biais d’une analyse a posteriori d’une expérience de recherche action participative mise en place dans le cadre d’un projet de recherche transdisciplinaire. Notre approche s’inscrit dans une logique de compétences dynamiques, relationnelles, situées et distribuées entre les citoyens mobilisés et les autres acteurs du projet, dont des chercheurs. Sur un territoire marqué par une longue tradition de gestion de l’environnement confiée à une administration soutenue par des experts scientifiques, un dispositif de participation innovant est invoqué pour co-construire une vision de la gestion durable d’un territoire forestier nourrie de propositions citoyennes. Nous analysons les différentes étapes de ce projet participatif, de la sélection d’un mini-public par tirage au sort, à la mise en délibération du résultat de leur travail, en passant par la constitution progressive des citoyens en collectif informé et susceptible d’utiliser sa légitimé pour modifier les équilibres et les jeux d’acteurs sur le territoire.
Les pratiques utilisées pour soutenir la participation des personnes en situation de pauvreté comme co-chercheures dans le cadre de recherche-action participative (RAP) ont été peu décrites. Après avoir présenté le cadre de réalisation d’une RAP sur la sécurité alimentaire, nous abordons des défis significatifs rencontrés pour pérenniser la participation des personnes les plus marginalisées à la gouvernance d’un projet de recherche, au-delà du rôle alibi auquel elles sont trop souvent cantonnées dont : la création de liens de confiance, le développement d’une vision commune, l’identification des contraintes à la participation, la tenue en compte des relations de pouvoir. Nous présentons des stratégies d’action développées, afin de relever les défis et enjeux en présence, en nous appuyant sur un guide co-construit par notre équipe de recherche. Des voies sont proposées pour impulser le déploiement des pratiques AVEC les personnes ayant vécu la pauvreté dans la gouvernance de projets de recherche.
La Recherche Action Participative (RAP) fournit un cadre épistémologique pour le traitement de problématiques complexes et transversales et impliquant de travailler avec les acteurs de terrains. Cet article entend contribuer à la mise en réflexion des processus de constitution du collectif, de co-production des savoirs et des modes de traduction de ceux-ci dans une RAP, à partir de la description et l’analyse du projet SPINCOOP. Mené entre 2015 et 2018 avec deux (néo)maraîchers urbains en phase d’installation, le projet SPINCOOP a traité la question de la viabilité de ce type d’initiatives, en confrontant les aspirations des maraîchers avec les modalités de leur mise en pratique dans le contexte bruxellois. L’article met en récit l’aventure co-créative du projet SPINCOOP et montre comment les co-chercheurs ont collaboré tout au long d’un processus de recherche présenté en trois phases : (i) la co-création du partenariat et de la problématique de recherche autour d’une vision systémique de la viabilité, (ii) la co-production des savoirs par le biais de dimensions de travail et de dispositifs adaptés, illustrée par l’accès à la terre pour exemplifier la mécanique méthodologique du projet et (iii) l’appropriation des savoirs co-produits par les acteurs de terrain. Ce récit permet de poser ensuite un regard réflexif sur les difficultés inhérentes à la RAP et au délicat équilibre entre recherche et action qu’elle requiert. L’expérience SPINCOOP met en lumière la nécessité d’un changement de posture, non seulement chez les co-chercheurs, mais aussi au sein des organismes de financement afin de dépasser les paradoxes inhérents, entre autres, à l’horizon temporel et aux conditions parfois limitantes imposées par les bailleurs de fonds.
Cette contribution présente et modélise le processus de co-construction des savoirs et des pratiques au sein d’une recherche-action participative (RAP) en sciences de l’éducation et de la formation : la RAP « Grandir avec la nature ». Celle-ci a pour objet l’étude des effets de l’éducation au dehors sur les enfants et les adultes en milieu scolaire selon les pratiques et les espaces. Portée par le Réseau français d’éducation à la nature et à l’environnement, cette recherche partenariale est marquée dans ses méthodes, ses outils et ses principes par une culture associative d’horizontalité. Cet article tend à montrer que les étapes du design de processus de la RAP sont issues de pratiques de partenariat apprenant en lien avec cette culture, de sorte que la RAP se construit comme un partenariat apprenant d’éducation et de recherche. Ce cadre pourrait in fine fournir des indicateurs pour ce type de recherche afin d’évaluer les moyens au même titre que les fins.
2024
Volume 24- 9
Les filières de production dans la bioéconomie2023
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Intelligence artificielle et Cybersécurité2022
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Trajectoires d’innovations et d’innovateurs2021
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L’innovation collaborative2020
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Les systèmes produit-service2019
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Innovations citoyennes2017
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Innovations de mobilité. Transports, gestion des flux et territoires2016
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Stimulateurs de l’entrepreneuriat innovant