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Marine de Guglielmo Weber
Institut de recherche stratégique de l’école militaire
France
Validé le 11 octobre 2024 DOI : À venir
Longtemps considérée comme une folie d’apprentis sorciers, la géo-ingénierie, qui renvoie à l’ensemble des projets d’intervention technique et à grande échelle sur le système climatique, a progressivement gagné en crédibilité au fil des dernières années, et commence à être sérieusement envisagée dans les débats internationaux sur le climat. Dans ce papier, nous nous proposons d’analyser le processus de normalisation de la géo-ingénierie dans les arènes de discussions internationales. Ce processus part de l’intégration, au prisme classique de la décarbonation, d’une logique de compensation : l’on distingue maintenant, dans les accords sur le climat, la réduction facultative des émissions qui peuvent être « atténuées », c’est-à-dire capturées par le recours à des techniques de capture du carbone, de la réduction obligatoire des émissions qui ne peuvent pas l’être. Or cette logique de compensation a tout à la fois pour effet de normaliser les CC(U)S et la géo-ingénierie du carbone et de rendre optionnelles une partie des mesures de décarbonation. La question que nous nous poserons dans ce papier est de savoir dans quelle mesure tout cela pointe vers un nouvel horizon : la normalisation de la perspective d’un dépassement du seuil fixé par l’Accord de Paris, mais aussi de la géo-ingénierie solaire, entendue comme un moyen de compenser, sur le plan thermique cette fois, la mise en échec ou, a minima, le report des mesures de décarbonation. Il s’agira, en somme, d’étudier le passage d’une économie de la promesse à celle de la dette.
Long considered as “playing the Sorcerer’s Apprentice”, geoengineering, which refers to a wide range of large-scale technical interventions on the climate system, has gradually gained credibility over the past few years and is now being seriously considered in international climate debates. In this paper, we aim to analyze this process of normalizing geoengineering within international discussion arenas. This process stems from the integration of a compensation logic through the classical lens of decarbonization: climate agreements now distinguish between the optional reduction of emissions that can be ’mitigated,’ that is, captured through carbon capture techniques, and the mandatory reduction of emissions that cannot be mitigated. This compensation logic has the dual effect of normalizing CC(U)S and carbon geoengineering, while rendering some decarbonization measures optional. The question we will address in this paper is to what extent all of this points to a new horizon: the normalization of the prospect of overshooting the threshold set by the Paris Agreement, and also the normalization of solar geoengineering, understood as a means of thermally compensating for the failure or, at the very least, the postponement of decarbonization measures. The aim, in essence, will be to study the shift from an economy of promise to one of debt.
Décarbonation capture carbone CC(U)S modification du bilan radiatif géo-ingénierie
Decarbonization carbon capture CC(U)S solar radiation modification geoengineering
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