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La science-fiction est un imaginaire technique de plus en plus influent dans les laboratoires et centres de R&D. Les ingénieurs et scientifiques développent des projets qui semblent réaliser les histoires de science-fiction les plus futuristes. L’innovation et la créativité sont influencées par un imaginaire technique de plus en plus formaté pour correspondre aux exigence des entreprises souhaitant proposer aux consommateurs des produits rêvés et imaginés par des auteurs de science-fiction. Quelle est l’influence de cet imaginaire sur les ingénieurs, dans leur formation et dans leur activité professionnelle ? Quels sont les secteurs les plus touchés par cette influence ? Faut-il considérer la science-fiction et le design fiction comme des pratiques utiles ou positives ou au contraire comme des dangers pour l’éthique de la R&D ?
Raréfaction des ressources, changement climatique, artificialisation accentuée du monde, essor démographique, etc. sont autant de sujets où l’être humain et ses productions techniques sont impliqués. Ces grands enjeux contemporains nous invitent plus que jamais à ne pas séparer la technique de la société. Cela nous incite également à réfléchir aux leviers sur lesquels agir pour que les ingénieurs, producteurs de technique par excellence prennent conscience de leur pouvoir d’agir. Nous proposons pour ce faire de nous appuyer sur un élément de la culture technique, la science-fiction, comme voie d’entrée pour interroger le sens des objets conçus et de prendre en considération la part culturelle, souvent écartée, de la technique. Nous illustrerons notre propos par quelques exemples tirés de notre expérience en école d’ingénieurs.
La science-fiction explore les zones qui s’étendent entre la science et le mythe, la philosophie et la foi, la connaissance et le rêve. Si elle puise dans la rationalité scientifique, elle le fait toujours sous le voile de l’imaginaire. L’objet de notre contribution est d’approfondir ce cheminement d’aller et retour entre science et fiction au travers du mouvement de fiction anticipative en France dans la seconde moitié du siècle dernier, avec l’exemple de Richard Bessière, le premier et le plus emblématique auteur de la série « Anticipation ». Sur deux thématiques (économie et changement climatique) nous analysons les liens directs ou indirects entre deux espaces de pensée, celui créé par l’auteur pour son univers science-fictionnel et celui de la communauté scientifique et technique actuelle, en les inscrivant en perspective du décalage temporel qui sépare ces deux univers.
L’objectif de cet article est d’analyser les contradictions que relèvent de nombreux films de science-fiction au sujet de notre mode de développement et de ses dysfonctionnements. Ces contradictions, dont ces oeuvres rendent compte, nous semblent dues à l’incompatibilité entre des innovations présumées infinies et le caractère fini de notre monde. Malgré l’infinité des possibles que les innovations technologiques nous promettent, ces récits en montrent aussi leurs limites et leur dangerosité. Ce qui nous permettra de montrer quels enseignements nous pouvons tirer de ces récits dans lesquels les innovations technologiques sont néfastes à l’humanité et à son environnement.
L’enchantement pour « le nouveau », l’un des principaux moteurs de l’innovation, est aujourd’hui promu et entretenu par deux groupes professionnels cristallisés dans le temps qui n’ont jamais réussi à enlever une certaine zone commune d’incertitude identitaire - les ingénieurs et les designers. Dans le regard social qu’on propose « le nouveau » devient l’objet du jeu de pouvoir, de délimitation et de construction identitaires de ces deux groupes. L’étude présente se propose d’analyser les modalités d’expression visuelle utilisées plus ou moins consciemment par les ingénieurs dans leur essai de devenir plus visibles tout en restant autonomes du design et acquérant le prestige dans les yeux du consommateur moderne en tant que promoteur du nouveau, de la technologie nouvelle, de la science, des nouveaux « magiciens ».
A travers l’exemple du fantassin, l’article propose des outils méthodologiques pour exploiter des imaginaires de la science-fiction (film, manga, roman, bédé, …) dans une démarche de conception. Sur base d’un corpus de près de 300 références, il montre que le recours aux imaginaires doit faire l’objet d’un traitement différentié selon le support dont il est question, et qu’il est possible de distinguer des enjeux de contexte et des enjeux d’usage qui sont complémentaires. L’article expose différentes formes d’enjeux stratégiques et compare les solutions proposées dans ces imaginaires avec celles ayant cours dans les champs de l’industrie militaire. En conclusions, l’article discute des enjeux de circulation des imaginaires entre industries culturelles et militaires.
La conquête de Mars est un enjeu qui dépasse le cadre de la curiosité scientifique. Si l’exploration est essentiellement produite et financée par le secteur public, l’envoi de missions habitées dans le but de créer une civilisation martienne pourrait être assuré par des acteurs privés. La science-fiction s’est inspirée de ces discours pour proposer un imaginaire dont la fonction est étudiée dans cet article. Après avoir examiné l’apport de ce genre à l’élaboration des discours de la Mars Society et de l’entrepreneur Elon Musk, cette étude s’interroge sur les modalités de construction des micro-discours idéologiques, comme le marsisme. Ce néologisme désigne le passage des imaginaires science-fictionnels aux idéologies technologiques, particulièrement influentes dans la dynamique du capitalisme. Interroger l’imaginaire est important pour stimuler la R&D, et pour assurer la fusion des intérêts et attentes des ingénieurs, des innovateurs, et du public.
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