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Le déni de la possibilité des accidents dans le domaine industriel et de leurs conséquences catastrophiques
reste le paradigme de notre modèle économique. Il résulte de la vision à très court terme de l’économie qui vit les yeux
rivés sur les cours de la Bourse alors que les installations industrielles vivent et se dégradent au rythme découlant des
lois de la physique sur lesquelles sont construites les technologies. Il existe une opposition théorique entre le profit à court terme et l’indispensable prise en compte du long terme pour éviter les accidents et les catastrophes.
Jusqu’à quand supporterons-nous en tant que citoyens que la fatalité serve d’excuse à l’examen sans complaisance des
conséquences économiques et sociales des choix technologiques et des produits qui en découlent ? Nous ne sauverons notre planète que dans la mesure où nous aurons substitué le dogme de l’impossibilité des accidents à la prise en compte systématique de leur possibilité.
Les réalisations spectaculaires destinées à recevoir un grand nombre de visiteurs, comme la Cité des
sciences et de l’industrie, ne sont viables que parce que leurs composantes techniques, souvent très élaborées, sont
sûres. Le but de cet article est de présenter une face méconnue de la genèse de ce beau projet, ce qu’on appelle parfois de façon imagée « le travail des soutiers ». Cet article abordera la manière dont a été traité la sûreté des personnes et des biens au travers d’une politique de maintenance raisonnée en considérant que cet ensemble tertiaire, qui devait recevoir des millions de personnes, était en fait un objet industriel à qui on devait appliquer les dernières pratiques, en totale rupture avec la culture ambiante de l’époque.
L’usine d’alumine de Gardanne, dans le sud de la France, est la plus ancienne du monde dans cette industrie.
Cette usine très polluante est à l’origine d’une controverse sur le maintien ou l’arrêt de son activité. La question est
importante, car ses impacts sur la santé et l’environnement sont importants, elle s’inscrit aussi dans un processus de
désindustrialisation de l’Europe. L’objectif de cet article est de retracer les grandes phases de l’histoire de cet
établissement pour discuter de l’histoire des risques industriels. La fermeture de cet établissement n’arrêtera pas la production d’alumine dans le monde, aussi le véritable enjeu réside-t-il dans le développement de nouvelles technologies plus respectueuses de l’environnement.
En France, les industries à risque cohabitent parfois de manière étroite avec des résidences. Cet article propose
de mener une réflexion sur la construction, complexe, de la législation en matière de maîtrise de l’urbanisation. Cette
dernière est le résultat, entre autres, d’une volonté des pouvoirs publics de garantir un développement industriel efficace ;
ainsi que du retour d’expérience des catastrophes industrielles qui se sont produites au cours de l’histoire. Le propos porte ensuite la focale sur l’instrument récent qu’est le Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT). Ce dernier impose notamment aux riverains d’installations à risque d’effectuer des travaux de sécurisation dans leurs logements. Bien que leur prise en charge financière ait fait l’objet de nombreux débats, cette disposition témoigne de l’aboutissement d’un processus qui conduit à envisager ces territoires comme un tout. Les premiers résultats de cette recherche tendent à montrer
qu’aujourd’hui, les différents maillons ne se tournent plus le dos et se greffent ensemble pour former une chaîne au service du « vivre avec » le risque industriel.
Les théories de la globalisation émergent au moment d’une augmentation des accidents industriels au milieu des années 1980. Elles conjuguent le risque de manière différente : comme une « manne » apportée par la globalisation, comme une probabilité ubiquiste d’un désastre, ou encore une injustice atteignant de façon répétée le plus vulnérable. L’étude empirique des données mondiales sur la période 1983-2014 indique quelques évolutions positives dans la période récente, ce qui est un argument en faveur de l’approche ubiquiste proposée par Ulrich Beck (1944-2015).
L’objet de cet article est de montrer la relativité des risques industriels par rapport aux trois systèmes technologiques qui se sont succédé durant l’histoire industrielle. A des risques touchant principalement les industries minières et les machines à vapeur dans le premier système technologique, risques limités au site et au personnel,
succèdent dans le deuxième système technologique les grands accidents chimiques et nucléaires, formalisés sous le
concept de risque technologique majeur. Les risques industriels du troisième système technologique, sont marqués par
leur échelle et générés par leur complexité telle que le risque cybernétique, et aussi par l’accumulation historique des nuisances de toute l’histoire industrielle pour le risque environnemental global. Cette dernière configuration modifie
l’influence du risque industriel sur la trajectoire même de l’évolution technologique.
Ce numéro de Technologie et innovation regroupe six articles qui font à la fois état de l’évolution des
techniques et des risques industriels, mais qui se focalisent aussi sur des activités particulières : les accidents de travail,
la construction et l’urbanisation, la production d’alumine, la maintenance dans un bâtiment public et la maintenance
industrielle.
2024
Volume 24- 9
Les filières de production dans la bioéconomie2023
Volume 23- 8
Intelligence artificielle et Cybersécurité2022
Volume 22- 7
Trajectoires d’innovations et d’innovateurs2021
Volume 21- 6
L’innovation collaborative2020
Volume 20- 5
Les systèmes produit-service2019
Volume 19- 4
L’innovation agile2018
Volume 18- 3
Innovations citoyennes2017
Volume 17- 2
Innovations de mobilité. Transports, gestion des flux et territoires2016
Volume 16- 1
Stimulateurs de l’entrepreneuriat innovant