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En France, les territoires sont de plus en plus porteurs de fonctions éducatives malgré une politique d’éducation toujours centralisée. L’éducation au patrimoine local constitue un exemple d’évolution des relations entre école et territoire mais questionne aussi les finalités éducatives formelles et non formelles, le fonctionnement des acteurs éducatifs et le potentiel des artefacts pour valoriser les ressources territoriales dans une dimension informelle.
L’introduction progressive – plus ou moins formalisée – de 1945 à nos jours des ressources du territoire local dans l’enseignement en France, est apparue comme une condition de l’émergence de l’éducation au patrimoine. Nous montrerons dans un premier temps comment la prise en compte de la dimension locale du territoire a très progressivement émergé au sein de l’école de la République – l’une et l’autre réputées unes et indivisibles ! – en France. Nous analyserons ensuite les apports successifs des différentes « éducations à » – en nous appuyant d’abord sur l’éducation relative à l’environnement (ERE), puis sur l’éducation au développement durable (EDD) et enfin sur l’éducation au patrimoine (EP) parmi toutes les « éducations à » – à la prise en compte du territoire local par l’éducation. Nous verrons ainsi précisément que ces trois « éducations à », qui ont constitué autant de jalons significatifs de cette perspective, témoignent clairement aujourd’hui d’un changement – au moins partiel – de paradigme dans les relations entre l’école et son territoire. En dernier lieu, nous identifierons les grandes problématiques de l’éducation au patrimoine dans l’école aujourd’hui, qui se déclinent en trois grandes interrogations : en termes de finalité éducative, en termes de légitimité des objets patrimoniaux à enseigner et, enfin, en termes de contribution disciplinaire.
Une des spécificités des « éducations à » est de mêler de manière inextricable les savoirs à des valeurs importées de la sphère socio-politique. Ce qui pose le problème éthique de leur justification : comment éviter de faire de l’éducation une entreprise de normalisation, sans tomber pour autant dans un relativisme qui assimile les savoirs à des opinions ? Cet article présente les principes directeurs d’une problématisation qui soit spécifique aux « éducations à ». Ils procèdent de l’analyse, conduite par Canguilhem, des rapports entre savoirs et valeurs en histoire des sciences. Expliquant que les valeurs, pour faire sens, doivent être replacées dans leur opposition logique à des antivaleurs, Canguilhem esquisse une procédure de justification des contenus d’enseignements qui échappe aussi bien à l’absolutisme qu’au relativisme. L’éducation au patrimoine, classiquement en tension entre ces deux écueils, illustrera notre propos théorique.
A l’école primaire française, la modalité pédagogique constituée de projets partenariaux avec les parcs naturels régionaux permet une rencontre entre les éducations formelle et non formelle au patrimoine. Axé sur l’étude des pratiques partenariales des acteurs éducatifs (enseignants et intervenants d’un parc naturel régional), nous cherchons à comprendre dans quelle mesure et sous quelles conditions celles-ci peuvent déboucher sur la mobilisation d’une compétence professionnelles de nature collective. Trois études de cas ont été outillées méthodologiquement par une analyse de contenu des projets, des observations et captations vidéo lors d’entretiens entre les partenaires et de séances de classe. Les résultats permettent d’identifier des niveaux de partenariat très différents qui offrent ou non des opportunités de développement professionnel. Les obstacles repérés se situent majoritairement au niveau des visées des acteurs éducatifs dans ces projets d’éducation au patrimoine.
Dans le contexte économique européen actuel, l’offre touristique française se doit de développer des services numériques innovants (Boiron, 2014). Cet enjeu est d’autant plus présent qu’il s’agit de s’inscrire dans une « culture visuelle numérique » (Catoir-Brisson, Jankeviciute, 2014), de continuer à préserver et à valoriser des gestes de patrimonialisation (Davallon, 2006), en repensant et en recontextualisant (Mucchielli, 2003) les conceptions traditionnelles de la construction des savoirs, sans volonté ancrée toutefois de mettre en place une évritable culture du numérique (Licoppe, 2009).La présente recherche souhaite comprendre comment un parcours pédagogique innovant (Corroy, Roche, Savignac, 2017) peut servir à valoriser un territoire rural et, dans le même temps, permettre à des élèves de s’éduquer au patrimoine en construisant leur savoir en situation culturellement marquée (Bouzon, 2010).
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