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Paul Bouvier-Patron
Université Aix-Toulon
France
Publié le 19 décembre 2022 DOI : 10.21494/ISTE.OP.2022.0900
La satisfaction des besoins fondamentaux, dont l’alimentation, peine à se concrétiser au niveau mondial. Les efforts réalisés jusqu’alors tendaient à faire importer des modèles aux acteurs locaux. Or, la prise en compte de l’environnement naturel et du réchauffement climatique nécessite impérativement de basculer sur un modèle qualitatif susceptible de répondre à ces défis. Le nouveau processus requis doit mobiliser la technologie mais à un niveau adéquat pour réaliser des systèmes et produits utiles et adaptés. L’innovation technologique se combine avec l’innovation organisationnelle pour sélectionner des bonnes pratiques (qu’elles soient nouvelles ou anciennes) répondant aux contraintes d’une production et d’une consommation locale appropriables par les acteurs locaux et s’inscrivant dans le développement durable. En conséquence, pour l’agriculture, comme pour d’autres secteurs, l’auteur met en avant l’innovation frugale environnementale. En effet, si la confiscation technologique par le marketing est une impasse sociétale, une démarche frugale n’est acceptable que si elle n’intègre, dans sa conception, la prise en compte du développement durable. Pour sa mise en oeuvre effective, cette innovation repose sur la créativité innovante dont les ressorts principaux sont le bricolage et l’improvisation, au sein de communautés de pratique locales, pour ajuster au mieux selon les contraintes du lieu et du moment. Après une présentation générale des enjeux du développement, de l’alimentation pour tous et de la technologie, où un focus est proposé sur la question de la technologie satisfaisante, à titre pédagogique et pour l’exemplarité, on insistera sur l’évolution possible de la culture de deux céréales mondiales pouvant être vertueuses (et révélatrices du nouveau modèle à suivre) pour une alimentation saine pour tous, respectueuse de l’environnement naturel et faisant face au réchauffement climatique : le Sorgho et le Riz.
There is a struggle for fundamental needs, including that of nutrition, to be achieved at the global scale. At the moment, the main effort has been to ask local actors to adopt an external model. However, when considerations are taken into account regarding the environment as well as climate change, a shift towards a qualitative model is necessary to help take on this situation. A successful model must mobilize technology at a certain level in order to produce useful and required systems and goods. One must combine technological innovation with organizational innovation in order to select good practices (whether these are new or old practices) that respond to the constraints of local production and consumption that can be compatible with sustainable development. Consequently, for agriculture, as for other sectors, we put forward the concept of environmental frugal innovation. Indeed, if the marketing appropriation of technology is a dead end, then a frugal approach is only acceptable if, at the conception level, sustainable development is taken into account. In order for this to be achieved, this type of innovation must rely on creativity based on improvisation and bricolage, at the local level within a community of local practices. After a general presentation about nutrition, technology and development, where emphasis is placed on the question of satisfactory technology, we propose as an example, for educational purposes, the evolution and cultivation of two world cereals, sorghum and rice. These two could be fruitful (and could lead to a new model to follow) for a healthy diet for all, all while being mindful of the natural environment, especially in the face of climate change.