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La station marine de Villefranche-sur-Mer a reçu de nombreux noms au cours de son histoire dont les deux derniers sont OOV pour Observatoire Océanologique de Villefranche (1989) et IMEV pour Institut de la Mer de Villefranche (depuis 2019). Ce numéro spécial montre combien cette station est riche d’histoire en architecture, en géopolitique, en sciences et en fortes personnalités. Fin 18ème des naturalistes ont découvert la riche biodiversité de la rade de Villefranche : des myriades de formes vivantes si artistiquement assemblées qui se laissent porter par la mer au gré des courants et des saisons. Les articles de ce numéro témoignent ainsi de la ténacité des scientifiques qui cherchent à percer les mystères de cette vie si diverse. S’y trouvent de remarquables illustrations de scientifiques artistes, d’artistes accompagnant les scientifiques ou s’inspirant directement de ces êtres marins uni ou pluricellulaires.
Nous racontons l’histoire de l’évolution des connaissances de la flore et la faune dans la région niçoise et en particulier celle de la faune pélagique. Dans les années 1800, Antoine Risso, Jean Gabriel Prêtre, François Péron et Alexandre Lesueur décrivent et peignent les fleurs, les poissons et des invertébrés marins. Au milieu du siècle, le naturaliste niçois, Jean Baptiste Vérany accueille des savants allemands et suisses - Johannes Müller, Rudolf Leuckart, Ernst Haeckel et Carl Vogt - qui influencent les recherches et le destin de la biologie dans la région par leurs descriptions illustrées d’organismes jusqu’alors ignorés comme les siphonophores et les radiolaires. Et dans les années 1880, Hermann Fol, Jules Barrois et Alexis Korotneff créent une station marine accueillante à Villefranche sur Mer, reconnue depuis comme un site exceptionel pour l’étude du plancton. A partir du milieu du 19ème, le Muséum d’Histoire Naturelle de Nice s’enrichit des collections de Risso, Vérany et Jean Baptiste Barla épaulés par Vincent Fossat, un peintre / illustrateur talentueux. A la fin du siècle, la région niçoise attire les souverains et aristocrates anglais et russes, des biologistes et des peintres impressionistes. Dans un article compagnon (Sardet 2024 /2 Les modernes – de 1970 à 2024), nous montrons que les organismes explorés au 19ème siècle sont toujours l’objet de recherches à l’Institut de la Mer de Villefranche (IMEV).
François Péron et Charles-Alexandre Lesueur, respectivement zoologiste et dessinateur naturaliste, ont formé durant 10 années un duo de savants singulier. Entre 1800 et 1810, ils mettent leur travail, leurs hypothèses et leurs expériences au service de la connaissance du monde animal. L’étude de la faune marine, en particulier des méduses, est l’un de leurs sujets de prédilection. En 1809, ils poursuivent à Villefranche sur Mer, en Méditerranée, les travaux qu’ils ont jusqu’alors mené dans les océans pendant le Voyage de découvertes aux Terres australes (1800-1804) décidé par Bonaparte et mené par Nicolas Baudin. Deux siècles plus tard, les spécialistes des organismes marins continuent de rendre hommage à ce travail novateur.
Dans l’article complémentaire (Sardet 2024-1 Les anciens : de 1800 à 1900), nous relatons l’histoire de l’exploration de la faune de la région niçoise, et en particulier des organismes pélagiques. Dans ce deuxième article, nous examinons comment, plus d’un siècle plus tard, la recherche scientifique en biologie et physiologie cellulaire et moléculaire du développement a évolué à la station marine de Villefranche-sur-Mer. Alors que la biologie et l’écologie du plancton sont prédominants sur le site et ont progressivement conduit à la croissance d’un grand laboratoire d’Océanographie à Villefranche-sur-Mer (LOV), à partir des années 1960 de nouvelles équipes de recherche sur la physiologie des poissons et des protistes ont été accueillies. Et dans les années 1980, une équipe de recherche créée par le CNRS a évolué en l’actuel Laboratoire de Biologie du Développement (LBDV). Nous décrivons comment les techniques d’imagerie et de biologie cellulaire moléculaire ont permis d’analyser l’ovogénèse, la fécondation et le développement chez les oursins, tuniciers, cténophores, cnidaires et d’autres organismes marins dont certains étaient déjà étudiés par les fondateurs et les visiteurs de la station marine au 19ème siècle. Nous soulignons que de nouveaux modèles - l’ascidie Phallusia, l’appendiculaire Oikopleura et la méduse hydrozoaire Clytia – ont vu le jour sur le site. Nous discutons aussi les façons de promouvoir les découvertes par le biais de photographies, de dessins, d’expositions et sites internet esthétiques.
La discipline océanographique pourrait sembler peu susceptible d’abriter des oeuvres artistiques. Cependant, l’étude de l’océan inclut l’étude des organismes marins. Les représentations d’organismes marins apparaissent dans de nombreux rapports d’expéditions océanographiques, et certaines sont indéniablement des oeuvres d’art, des bijoux de l’illustration scientifique. Sont exposées ici une sélection de planches issues des rapports des premières expéditions océanographiques conservées à la Bibliothèque de l’Institut de la Mer de Villefranche, à savoir les expéditions Challenger Expedition (1873-1876), Campagnes d’Albert 1er de Monaco (1885-1915), Plankton-Expedition (1889) et Deutsche Tiefsee-Expedition auf dem Dampfer ’Valdivia’ (1898-1899).
Une goutte d’eau est un monde infinitésimal, totalement inconnu. J’ai pu observer au microscope qu’une vie minuscule bouillonne, foisonne dans à peine 1 cl d’eau. Des êtres vivent, se reproduisent, se nourrissent, et meurent à une une échelle qui nous est étrangère. À cette échelle une heure peut représenter une vie. Je propose ainsi de représenter les micro-organismes d’une goutte d’eau de la baie de Villefranche en Méditerranée, comme tentative pour découvrir et révéler le peuple invisible, dont le raffinement et la complexité m’inspirent. À travers ce travail pluridisciplinaire, j’interroge les origines de la photographie avec le cyanotype, et je m’approprie la microscopie scientifique. Je fusionne les techniques anciennes et moderne pour renouveler une approche documentaire du vivant.
L’Institut de la Mer de Villefranche est bien placé pour les recherches sur la faune des grands fonds car il est situé à proximité des eaux profondes. Voici des images très rares d’organismes microscopiques vivants qui peuplent les profondeurs marines. Chacun montre une morphologie belle et complexe, et certaines images présentent des caractéristiques inattendues.
Dans l’océan, des organismes microscopiques sont à la fois les peintres et la teinte d’un grand tondo1 planétaire. Ces organismes, le phytoplancton, de couleur verte, sous des conditions marines favorables, colorent d’énormes zones de l’océan. Tellement énormes que leur extension ne peut être observée que depuis l’espace. Nous présentons ici quelques images de la Méditerranée nord-occidentale, prises par un satellite scientifique, qui nous montrent la beauté de ce tondo visible seulement depuis une altitude de 700 km.
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