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Alexandra Charvier
Historienne de l’art
chercheuse indépendante
Published on 1 July 2022 DOI : 10.21494/ISTE.OP.2022.0857
From the end of the 19th century onwards, a renewed approach to the spectator’s perceptive act in the theoretical discourse on art was asserted, concomitantly with the psychological and philosophical discourse. The spectator’s act of perception would explain certain pictorial illusions. Beyond that, the perceptive act could play a new role in the apprehension of a colour or a quality of texture, linking it, by association or equivalence, to other sensations, tactile, olfactory, sonorous, just as immediately perceived by going beyond the naturalistic principles of imitation. In this paper, I will first highlight the evolution of one of the theories of art focusing on the notion of suggestion, then to show how different non-figurative propositions after the Second World War are in line with the continuity of this conception through a creative research on how to make perceptible on a flat surface an impression of depth, expanse, or swirls; a matter or a form perceived as sharp or rough, not trying to depict either the object or a sensation but to create an "equivalence that determines a sensation" (P. Tal Coat). In parallel with a revival of psychology, considering that our perception establishes relationships in the visual field, that we grasp structures significant to all the senses, many artists started a creative research on how to make visible sensations anchored in their experience of the sensitive world, which for them often give rise to others, emotional or spiritual, inducing a feeling "beyond words and intellectual frameworks" (D. Vallier). The singular nature of this aesthetic, which maintains an unexpected link with reality, provokes a debate on its attachment to abstract art.
À partir de la fin du XIXe siècle, un renouveau de l’approche de l’acte perceptif du spectateur dans le discours théorique sur l’art s’affirme de façon concomitante au discours psychologique et philosophique. L’acte de perception du spectateur expliquerait certaines illusions picturales. Au-delà, l’acte perceptif pourrait jouer un rôle nouveau dans l’appréhension d’une couleur ou d’une qualité de texture, nous reliant, par association ou équivalence, à d’autres sensations, tactiles, olfactives, sonores, tout aussi immédiatement perçues en dépassant les principes naturalistes de l’imitation. Nous voudrions d’abord mettre en exergue l’évolution d’une théorie de l’art autour de la notion de suggestion ; puis nous montrerons en quoi différentes formulations non-figuratives après la Seconde Guerre mondiale s’inscrivent dans la continuité de cette conception par une recherche créative sur la manière de rendre perceptible sur la surface plane telle impression de profondeur, d’étendue, de remous ; une matière ou une forme que l’on sent acérée ou rugueuse, ne cherchant à peindre ni l’objet ni une sensation mais à créer une « équivalence qui détermine une sensation » (P. Tal Coat). Parallèlement à un renouveau de la psychologie qui considère que notre perception établit des relations dans le champ visuel, que nous saisissons des structures qui parlent à tous les sens, de nombreux artistes entament une recherche créative sur la manière de rendre visibles des sensations ancrées dans leur expérience du monde sensible, qui pour eux en font souvent naître d’autres, affectives ou spirituelles, induisant un ressenti « en deçà des mots et des cadres intellectuels » (D. Vallier). La nature singulière de cette esthétique entretenant un lien inattendu avec le réel, provoque dès cette époque un débat sur son rattachement à l’art abstrait.
suggestion Gestalt theory phenomenology equivalence non figurative art feel reality Nature
suggestion Gestalt théorie phénoménologie équivalence art non-figuratif ressentir réel Nature