Sciences humaines et sociales > Accueil > Cité et tourisme > Numéro
Le tourisme, le patrimoine et l’artisanat s’entrelacent pour façonner l’économie touristique, la culture et l’identité des territoires. Ce troisième volume de Cité et Tourisme, City & Tourism explore ces thèmes à travers deux études européennes parcourant les liens entre tourisme culturel urbain et l’artisanat. Pris entre modernisation, mondialisation et crise sanitaire, les territoires bénéficient des opportunités offertes par le tourisme et l’évènementiel, tout en se voyant contraint à des adaptations forcées. L’importance de préserver les savoir-faire pour maintenir une production locale authentique impose d’adapter les moyens de formation et de vente artisanale. Dans ce numéro, le patrimoine est associé aux mobilités durables et à la réhabilitation des bâtiments historiques. L’image de la destination est un enjeu pour les métropoles européennes qui doivent concilier le fait d’être toujours plus attractive tout en étant respectueuses de leur environnement, de leur histoire et des ressources artisanales locales. Enfin, l’innovation et la formation sont les piliers du retour à l’authenticité dans un cadre patrimonial repensé comme pour la restauration et la réouverture de la Cathédrale de Notre-Dame de Paris en décembre 2024 montrant l’enjeu patrimonial et sociologique de fierté nationale. L’identité culturelle s’en trouve valorisée et par ricochet devient un instrument pour penser les nouvelles mobilités durables et le fait de repenser le financement des réhabilitations architecturales. Ce volume apporte de nouvelles problématiques et analyses concernant les risques et la pertinence de solutions durables engagées autour du patrimoine matériel et immatériel, ceci pour un développement local des petites villes et l’éclosion d’une économie circulaire artisanale génératrice de croissance économique.
Cet article aborde les mutations que connait l’artisanat urbain dans un contexte d’augmentation drastique du tourisme culturel à Cordoue (Espagne) impulsé par ses quatre nominations sur les listes de l’UNESCO. Cette ville compte aussi un artisanat de la bijouterie, fleuron de la cité depuis au moins le Moyen âge. Après avoir résumé l’évolution de la joaillerie, je montre la fragilité de ce patrimoine immatériel soutenu par des acteurs locaux et la délicate articulation entre l’artisanat qui peine à survivre et l’industrialisation de luxe, tout en mettant l’accent sur les difficultés de ces professionnels face à un tourisme qui modifie la physionomie de la ville et l’activité de ces artisans.
L’article interroge le développement territorial et urbain sous le prisme du label « Capitale Européenne de la culture » avec une attention portée sur la stratégie touristique des villes candidates, et notamment l’adaptation du tourisme culturel dans un contexte de transition écologique. Les candidatures des quatre villes françaises au titre de Capitale Européenne de la culture pour 2028 sont analysées : Rouen, Bourges, Clermont-Ferrand et Montpellier. Pour ces villes moyennes et secondaires qui cherchent à s’affirmer à l’échelle internationale, un nouvel imaginaire urbain est proposé par les acteurs de la candidature. À l’heure de l’anthropocène, le récit touristique s’inscrit dans cette logique, avec un positionnement commun des quatre villes, à travers la notion de « slow tourisme » et une mise en valeur du patrimoine naturel. Le cas de la ville lauréate de la compétition nationale est approfondi, à savoir Bourges et son projet culturel fondé sur l’idée d’une capitale à « taille humaine » en dehors des dynamiques de métropolisation. Ce discours qui prend racine autour du concept de « frugalité heureuse » interroge quant aux politiques urbaines mises en oeuvre et au repositionnement de l’offre touristique.