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Le tourisme urbain est multiple, en lien avec l’activité économique d’une ville (tourisme d’affaire), l’organisation de congrès (MICE), les manifestations culturelles, les séjours linguistiques-éducatifs, la sphère religieuse, le magasinage et les loisirs grands publics. À l’échelle mondiale, il faut souligner l’enjeu de s’orienter vers un tourisme urbain plus durable par la soutenabilité d’une pratique ayant des effets notables sur notre planète et son environnement, notamment par les transports. Actuellement, les offices de tourisme à travers leurs stratégies marketing et de communication raisonnent par une addition de facteurs et d’objectifs voulant renforcer l’attractivité de leur ville. Ils recherchent la superposition de différents types de clientèles-visiteurs. En outre, ces agences de promotion proposent la création d’une image officielle de la ville, vérifiée ou contradictoire, à la réalité et à la complexité du fait urbain. Cet axiome se réalise à travers des phénomènes notables d’hybridation, d’uniformisation ou de différenciation. Dans ces conditions, le tourisme urbain ne devient-il pas un facteur prépondérant de la construction de l’image de la ville et parfois de l’image d’un pays ? Cité et Tourisme aspire à travailler différentes thématiques porteuses de sens et d’émulations dans le domaine des champs disciplinaires de la recherche en sciences humaines et sociales. Nous privilégions deux approches complémentaires nous permettant de donner un portrait précis des villes, mais aussi de la ville touristique : une approche marketing (économique, communication, management, RSE, gestion, gouvernance) et une approche géographique (spatiale, humaine, culturelle, environnementale).
Le développement exponentiel des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication a facilité le passage de la ville ordinaire à la smart city, label revendiqué ces dernières années par toute une panoplie de territoires de par le monde. La smart city, ou ville intelligente, est une conception d’une ville qui utilise des infrastructures numériques de pointe pour répondre aux besoins de la population locale et des touristes en matière de mobilité, d’environnement, de gouvernance, de mode de vie, d’économie-innovation et de culture- citoyenneté. Cet article vise à étudier la possibilité de la mise en tourisme dans la smart city avec Marrakech comme étude de cas et d’analyser le rôle joué par l’ensemble des acteurs privés et publics dans cette intégration touristique. Comment les acteurs locaux de la destination peuvent envisager cette mise en tourisme et à travers quelle(s) démarche(s) ? Afin de répondre à notre problématique, nous avons effectué dans une première phase, une recherche documentaire dans le but de s’informer sur les pratiques intelligentes de la ville de Marrakech. Dans une deuxième phase, nous avons élaboré une étude qualitative auprès de onze acteurs en relation avec notre sujet pour aboutir à quatre pistes-résultats de réflexion dans l’avenir, à savoir : l’importance du degré de connectivité comme un indicateur des synergies possibles, mais aussi de souligner le fait de mettre en avant et d’inclure un processus cumulatif entre le capital humain, la culture, l’environnement et la gouvernance urbaine à la fois touristique et administrative.
En décembre 1995, Luang Prabang est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Sur la base d’un accord de coopération décentralisée avec la ville française de Chinon, un programme de protection et de mise en valeur est enclenché. En 2008, un rapport tire le signal d’alarme en pointant les dérives dans lesquelles se retrouve la ville suite à la très forte fréquentation touristique et envisage son déclassement sur la liste du patrimoine mondial en danger. Cet article aborde les raisons d’une telle évolution et dresse un bilan de la situation actuelle. À partir de documents officiels, d’archives, de comptes rendus de réunions impliquant les différentes parties prenantes, il propose une relecture de ce programme en montrant qu’en lieu et place d’une approche imputant les dérives observées aux autorités lao, une explication peut être trouvée dans l’absence de prise en compte, par les prestataires de la coopération, des relations entre patrimoine matériel et patrimoine immatériel dans une ville vivante. Là où la coopération internationale objective une Luang Prabang architecturale et monumentale qui enclenche son « décollage » touristique, une autre Luang Prabang, immatérielle et intangible marque le pas sous la transformation des structures d’opportunités qui en découlent.