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Catherine Fruchart
Université Bourgogne Franche-Comté
Avec la collaboration de :
François Favory
Chrono-Environnement CNRS – UBFC
Publié le 11 juin 2020 DOI : 10.21494/ISTE.OP.2020.0520
Les vestiges de paysages passés nous sont parvenus et leur étude peut nous renseigner sur l’occupation ancienne des territoires. Le LiDAR, couplé aux sources de données traditionnelles, aux SIG et à la modélisation, ouvre de nouvelles perspectives pour mieux connaître les paysages passés et leurs transformations. Ces données montrent notamment la fréquence des vestiges parcellaires dans les forêts actuelles en France, occupant jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres carrés d’un seul tenant. Ces vestiges matérialisent des espaces autrefois dédiés à des activités agro-sylvo-pastorales. 17 zones (environ 2200 km2), comportant des vestiges parcellaires attribués à l’Antiquité, ont été étudiées dans le cadre du programme ERC Rurland consacré aux dynamiques spatiales et historiques des territoires ruraux entre le bassin de la Seine et le limes de Germanie, de la Tène finale à l’Antiquité tardive. La moitié de ces zones, essentiellement sous forêt, intègre du LiDAR. Documentées par des données archéologiques, elles ont été mises en perspective avec des caractéristiques environnementales : pentes, textures de sol, capacités de réserve en eau du sol, degrés de fertilité ou productivité sylvicole, limites à usage agricole, et autres informations topographiques, géologiques et pédologiques. En outre, une étude détaillée des morphologies parcellaires a été opérée sur six zones pour mieux comprendre comment les parcellaires s’intègrent dans leur environnement. L’examen à différentes échelles de systèmes parcellaires a permis d’identifier quelques facteurs qui semblent favorables ou défavorables à un usage agro-pastoral passé. Une capacité de réserve en eau du sol insuffisante et une fertilité naturelle faible pourraient être des facteurs limitant cet usage dans l’Antiquité ; la présence de pentes a peut-être favorisé la déprise ancienne d’un usage agro-pastoral, après la période romaine.
The vestiges of past landscapes have come down to us and their study can inform us about the ancient occupation of the territories. LiDAR, coupled with traditional data sources, GIS and modelling, opens up new perspectives to better understand past landscapes and their transformations. In particular, these data show the frequency of patchy remains in present-day forests in France, occupying up to several hundred square kilometres in a single block. These vestiges materialize spaces formerly dedicated to agro-sylvo-pastoral activities. 17 areas (about 2200 km2 ), including parcel vestiges attributed to Antiquity, have been studied within the framework of the ERC Rurland programme devoted to the spatial and historical dynamics of rural territories between the Seine basin and the Limes de Germanie, from the Final Tène to Late Antiquity. Half of these areas, mainly under forest, incorporate LiDAR. Documented by archaeological data, they have been put into perspective with environmental characteristics: slopes, soil textures, soil water reserve capacities, degrees of fertility or silvicultural productivity, limits to agricultural use, and other topographical, geological and pedological information. In addition, a detailed study of plot morphologies was carried out in six areas to better understand how the plots fit into their environment. Examination at different scales of plot systems identified some factors that appear to favour or hinder past agro-pastoral use. Insufficient soil water reserve capacity and low natural fertility could be factors limiting this use in antiquity; the presence of slopes may have favoured the ancient abandonment of an agro-pastoral use after the Roman period.
LiDAR Forêt agro-pastoralisme système parcellaire usage du sol